La parole à nos hôtes!

Article written on 13th avril, 2023

Entretien passionnant avec Valérie Barkowski, créatrice et styliste belge dans l’univers du textile et de la mode. Installée à Marrakech depuis vingt-six ans, elle nous raconte sa perception des Deux Tours et nous révèle son Marrakech.

Comment avez-vous connu les Deux Tours ? J’ai connu les Deux Tours quand Douar Abiad était encore un lieu inconnu et que l’établissement se trouvait seul au milieu des palmiers. Il n’y avait pas de voisins. Juste l’hôtel et une vue imprenable sur l’Atlas. Ça date de quand ? 1996

Quelle a été votre première impression en découvrant Les Deux Tours ? Je me suis intéressée à l’architecture du lieu. J’aime le travail de Charles Boccara et un ami architecte, Quentin Wilbaux, qui était stagiaire chez lui a travaillé sur ce projet. J’aime la manière dont Charles Boccara a construit le lieu et traité les volumes, comment il a utilisé les matériaux, son sens des couleurs. J’avais l’impression de découvrir un fragment de la culture marocaine. J’ai aimé les jardins, l’espace, le côté intimiste, la circulation entre les bâtiments. Je garde un souvenir très précis de mes premières émotions. La visite des salles de bain en zellige, les villas avec piscines privées dans une belle végétation. J’y découvrait une certaine poésie…

Comment décririez-vous son style et son esprit ? Comme je connais les lieux depuis longtemps et qu’ils évoluent avec le temps, je ne sais pas trop comment le qualifier mais je dirais : intimiste, raffiné, soigné, traditionnel et moderne, sobre. J’aime l’emplacement, la taille, la qualité du lieu, son charme. Je continue à voyager dans le temps quand je viens chez vous. J’habite dans la médina à quelques kilomètres seulement mais j’aime dormir chez vous parfois, j’ai le sentiment de partir à la campagne.  Et j’aime le temps des amours des crapauds, leurs croisements nocturnes, la nature. Les feux de cheminée dans les chambres. Le petit déjeuner sur la terrasse.

Comment situez-vous les Deux Tours dans le paysage hôtelier Marrakchi ? Je n’aime pas comparer… Ayant moi-même une maison d’hôtes dans la médina (Le Dar Kawa), je peux juste vous dire que je recommande Les Deux Tours aux clients et amis qui souhaitent séjourner en dehors de la ville.

Les Deux Tours en quelques mots… La qualité du lieu, de votre service et de votre offre, la constance, votre bonne table, le lieu lui-même, au milieu de la palmeraie, votre jardin. C’est une belle « archive » aussi du travail de Charles Boccara.

Un p’tit coin préféré ? J’aime particulièrement le jardin et l’ambiance nocturne.  Ce qui me plaît c’est la circulation des lieux, on a toujours quelque chose à découvrir et l’on peut s’isoler aussi. Je peux m’imaginer « enfermée » chez vous et travailler sur mes collections. J’ai une amie architecte qui vient régulièrement pour se reposer et aussi pour créer.

Le souvenir d’un moment magique où le temps s’est arrêté ?  Ma première visite avec Charles Boccara qui m’a longuement parlé du projet ainsi que de son travail. C’était un moment privilégié et une découverte aussi.

Déjeuner à la Pergola ou dîner au Salammbô ? J’aime la grande terrasse face aux oliviers à toute heure du jour, l’ambiance feutrée du restaurant en hiver et la dégustation de tapas au coin du feu au bar.

Parlons de vous…

Depuis combien de temps êtes-vous installée dans la ville ocre ? 27 ans. Et pourquoi Marrakech ? Love at first sight. Lors de mon premier séjour, je me suis dit qu’un jour je voudrais y vivre. Ce jour est arrivé 5 ans plus tard. Je vivais à Moscou …

Quelques mots sur votre activité ? Je revisite les savoir-faire ancestraux depuis tout ce temps. J’exprime cela principalement à travers les textiles : du linge de maison et des accessoires de mode. J’utilise la tradition en lui donnant un style personnel et contemporain. La broderie, la passementerie, …

Des projets futurs ? Je me vois un peu comme un « couteau suisse » … J’aime travailler sur des projets différents, vivre des expériences qui me challengent intellectuellement. Actuellement je travaille sur le remaniement d’une maison de 450m2, je suis aussi consultante. Mais ce qui m’intéresse le plus aujourd’hui… C’est de me sentir utile, c’est certainement dans cette voie que je vais dessiner mon futur.

Comment décririez-vous l’évolution de Marrakech ces 20 dernières années ? Je vis dans le présent mais j’avoue que je me souviens avec « un peu » de nostalgie des premières années. Je pouvais me promener dans la médina les yeux fermés et retrouver mon chemin rien que par les odeurs. La ville était très calme, tout le monde prenait le temps. La Palmeraie semblait lointaine, le Guéliz était tranquille, je me souviens que nous laissions les voitures ouvertes, tout le monde se connaissait ou se reconnaissait. Dans toutes les maisons, dans toutes les boutiques on vous offrait un thé de bienvenue. J’étais fascinée par les artisans, par la poésie des gens. Et je reviens sur la notion de temps qui ne comptait pas. L’évolution est la même qu’ailleurs, la ville grandit, c’est une autre atmosphère. Chaque époque a ses charmes. La principale différence est que Marrakech est passé du statut de petite ville à grande ville et qu’elle s’est énormément développée. Parfois je me perds. Aujourd’hui il y a plein de jeunes créateurs, on s’intéresse beaucoup au « savoir-faire », c’est une façon de perpétuer les traditions ancestrales, je suis ravie de voir cela.

Votre saison préférée ? J’aime toutes les saisons à Marrakech car elles ont toutes une saveur différente. L’automne pour sa température, l’hiver pour la beauté de la lumière, le printemps pour sa nature, l’été pour sa saveur si particulière, où l’on adopte un mode de vie plutôt horizontal. Peut-être est-ce aussi parce que la ville se vide et que tout ralentit. Chaque saison a sa personnalité si je puis dire.

Où flâner à Marrakech ?  J’aime particulièrement les balades matinales dans la palmeraie, près de chez vous. Je n’habitais pas loin et chaque promenade au lever du soleil entre les palmiers m’enchantait. La lumière, la douceur de la lumière, la vue sur les djebelettes d’un côté et sur l’Atlas de l’autre côté. Ce sont des images qui me nourrissent chaque jour. Je reste, après toutes ces années, fascinée par la médina.

Un incontournable à faire dans la ville ocre ? Visiter la medersa Ben Youssef, ancienne école coranique. S’il y a un seul lieu à voir, c’est celui-là je pense. Une belle façon de découvrir la ville ou les alentours, est la promenade en sidecar organisée par Marrakech Insiders, j’aime leur professionnalisme et la qualité de leur équipe. Et le dernier né, le Musée des Arts et de la Parure dans la Kasbah, une merveille !

Un resto à nous recommander ? Un plat en particulier à ne pas manquer ? Le couscous du vendredi midi. C’est une tradition, un moment de partage. Je ne l’ai jamais mangé chez vous mais j’imagine qu’il est fait dans les règles de l’art. Autrement j’aime beaucoup la table de la Villa Des Orangers et du +61, quand le besoin d’un ailleurs se fait sentir.

Où boire un verre ? Le bar de la Mamounia, au coucher du soleil, c’est un incontournable. Le bar de la Villa Des Orangers en hiver, pour son côté feutré. Quand j’étais votre voisine j’aimais venir à pied aux Deux Tours pour prendre un verre au bar. L’hiver au coin du feu, l’été sur la terrasse. J’aime la notion d’un « vrai » bar, que ce soit à Marrakech ou ailleurs. D’ailleurs, les bars d’hôtels ont souvent une saveur particulière.

Une galerie d’art/Expo permanente à voir absolument ? La Galerie 127 de Nathalie Locatelli, elle fait un travail remarquable. Le musée YSL est incontournable pour son architecture et ses expositions éphémères.

Plutôt week-end cocooning ou Marrakech by night ?  Plutôt un week-end tranquille. J’aime flâner dans mon riad et aller déjeuner chez Bacha Coffee dans la médina. Sinon, une escapade en montagne ou dans la campagne me fait plaisir aussi.

Une pièce à shopper ? Un tapis. (au Bazar les Palmiers, il y a cette saveur authentique). Passez donc par ma boutique (V.Barkowski store) à Dar Bacha.

A consommer sans modération ?  Tous les produits frais qu’offrent le terroir. La cuisine « faite maison ». Vos clients ont de la chance, votre table est bonne. Et l’essentiel de vos légumes provient de votre potager bio, d’ailleurs, j’aime beaucoup m’y promener.

Le mot en Darija que vous utilisez le plus ? « Mektoub », ce qui veut dire, « c’est écrit ». Probablement parce qu’au Maroc on apprend la patience et une certaine forme de fatalité.

Pour en savoir plus sur Valérie Barkowskihttps://www.instagram.com/valeriebarkowski/ https://www.valeriebarkowski.com https://www.instagram.com/darkawa_riad/

 

Interview faite par Wafa Laksiri

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